« Ressentir comme évident notre accès aux œuvres, c’est oublier, voire renier, que nous avons rencontré sur notre parcours des médiateurs et des médiations, diffus ou conscients. C’est se comporter avec la connaissance et le plaisir esthétique comme un parvenu avec l’argent. »
Et si on partageait la culture ?
Serge Saada
Repenser l’interprétation : La selva Musica défend avec conviction une culture non-élitiste et ouverte sur le monde. Ces valeurs, partagées par l’ensemble des ses membres, se développeront notamment autour d’actions de médiation, qui n’aboutiront qu’avec une remise en question de notre rapport à l’interprétation musicale, notre manière de la penser et de la partager avec les publics.
« Une lecture approfondie des traités d’interprétation des 16e, 17e et 18e siècles, m’a donnée l’intimeconviction que notre langage musical contemporain n’utilise qu’un faible pourcentage de son vocabulaire. Ma démarche dite « historiquement informée », ou plutôt « historiquement inspirée » s’inscrit donc dans un discours éminemment contemporain. Lever le voile sur la variété de vocabulaires propre au langage de ces époques, et en parer notre langage « moderne » permet de renouer avec ce que considère être la fonction première de la musique : nous faire ressentir des émotions. Il s’agit donc ici d’appliquer ces notions à un orchestre de chambre de 12 musiciens (quintette à cordes, quintette à vent, trompette et timbales), pour lequel seront fait des arrangements sur-mesure destinés à révéler l’essence du discours musical en toute intelligibilité.
Redonnons aux publics le droit d’entendre et de comprendre, et que le choix d’aimer ou non ne soit plus le fruit d’un conditionnement socio-culturel, mais plutôt l’expression d’un libre arbitre retrouvé ».
Adrien Ramon
1. Une médiation horizontale favorisant l’échange
La musique n’existe que par l’écoute de celui qui la reçoit. Une écoute traversée par une expérience de vie, des influences, des émotions… C’est pourquoi l’objectif poursuivi par la selva Musica n’est pas d’expliquer la musique au spectateur, mais plutôt de créer les conditions favorables à une réception simple, personnelle et décomplexée des répertoires.
Pour ce faire, des temps d’échange entre le public et les musiciens seront imaginés avant, pendant et/ou après le concert, de manière plus ou moins informelle.
2. Imaginer autrement le lieu de concert
La selva Musica souhaite interroger les représentations sociales liées aux lieux traditionnels de productions culturelles (théâtres, opéras ou encore salles de concerts).
Nous souhaitons créer un environnement accueillant et familier pour les publics, sans autre enjeu que celui de passer un agréable moment. C’est pourquoi, au-delà des structures pensées pour accueillir la musique, les concerts seront donnés dans des lieux très divers, depuis la place de l’église au musée, en passant par des maisons de retraite et prisons, mais également des écoles et des conservatoires… Les spectateurs auront tout le loisir de s’approprier pleinement le lieu, notamment au travers de visites de l’ensemble des espaces (coulisses, scène…), mais aussi de déambulations silencieuses au cours du concert.
3. Recréer du lien à travers la programmation
La selva Musica prendra soin de s’inscrire dans une dynamique d’animation culturelle en choisissant de co-construire une partie de ses programmes avec les acteurs du territoire.
Cette volonté de s’insérer dans le tissu associatif local permet d’enrichir la réflexion artistique de l’ensemble en valorisant les cultures déjà présentes, favorisant ainsi la reconnaissance des droits culturels propres à chacun.
Afin de garantir l’accès à ses concerts au plus grand nombre, la selva Musica s’engage à proposer des tarifs préférentiels, voire une gratuité lorsque cela sera possible. Des places seront systématiquement réservées aux résidents de l’association Cultures du Cœur.